[Ouest-France 5/03/2019] Normandie. Près de Caen, l’énergie propre de JPee a le vent en poupe

Article publié dans le Ouest-France du 05/03/2019 par Benoit LE BRETON

Face aux mastodontes EDF ou Total, une société familiale, basée près de Caen, résiste. Elle gère ses propres parcs éoliens et centrales solaires partout en France, jusqu’en Espagne.
Pas une semaine ne s’écoule sans qu’un poids lourd de l’énergie ne cherche à racheter JPee, pièce maîtresse d’un groupe familial, basée à Saint-Contest, près de Caen.En 2004, la société, à l’origine plus portée sur la finance que sur l’écologie, s’est lancée dans le solaire et l’éolien. « Proches du terrain, nous sommes plus souples qu’EDF, Engie ou Total », explique Xavier Nass, 36 ans.

 

Des salariés de moins de 30 ans

Le jeune directeur de JP énergie environnement se dit insensible aux offres les plus alléchantes. « Nos employés sont très impliqués et compétents. La moyenne d’âge est inférieure à 30 ans. Je suis, moi-même, passionné par les énergies renouvelables. JPee est une belle aventure humaine. »
Des agences ont été ouvertes à Paris, Nantes, Montpellier, bientôt Bordeaux. De 70 salariés, la société compte passer à 120 d’ici trois ans. Sa production devrait suivre la même courbe, passant de 267 mégawatts (la consommation d’électricité de 150 000 foyers) à 500 mégawatts.

 

Cinq éoliennes au sud de Lisieux

Ses parcs éoliens et centrales solaires, JPee ne se contente pas de les faire construire. Ses propres techniciens les gèrent, ensuite, au quotidien. L’entrée au capital de chaque projet, à hauteur de 49 %, de la Banque des territoires (Caisse des dépôts) est l’événement de ce début d’année. « Notre indépendance est ainsi sauvegardée et nos fonds propres renforcés, précise Xavier Nass. La Banque des territoires s’engage, en plus, sur le long terme. Rien à voir avec un pur financier qui pourrait nous lâcher. » Son assise financière ainsi consolidée, JPee a le vent en poupe. Et peut gérer plus sereinement des dossiers au long cours, semés d’embûches.
Construire un parc éolien, entre l’étude d’impact et les autorisations diverses, prend quatre ans minimum. « Notre record, c’est quinze ans, en Ile-de-France. Des habitants et leurs maires ne voulaient pas d’un projet d’éoliennes. Aujourd’hui, plus personne ne s’en plaint. Une extension est même envisagée ! »

 

Deux fois moins cher qu’un réacteur nucléaire

Les éoliennes et panneaux photovoltaïques de JPee fleurissent un peu partout en France, jusque sous le soleil espagnol. La Normandie est l’une des moins bien servies.« Nous n’avons que cinq machines à Familly, au sud de Lisieux. L’habitat diffus de la région, son paysage bocager constituent des contraintes supplémentaires. »
Plus compliqué de se fondre dans l’environnement. « Les normes qui nous sont imposées sont très strictes. Le passage d’oiseaux ou de chauve-souris peut provoquer l’arrêt momentané d’une éolienne. »
Le soleil normand n’est pas des plus généreux. « La durée de l’ensoleillement n’est plus un obstacle à l’implantation d’une centrale solaire. Un coût moins élevé des terrains et des raccordements plus simples permettent d’équilibrer l’investissement. »

Le prix, justement, de cette énergie propre est réputé peu compétitif… « Une aberration, corrige Xavier Nass. 60 € le mégawatt/heure, c’est deux fois moins cher qu’un réacteur nucléaire de la nouvelle génération. Et le coût d’une installation a été divisé par dix en dix ans. »

Benoit LE BRETON

publié das le Ouest-France du 05/03/2019